Résumé par Didier Fievet de son livre

Repenser l'Écologie Chrétienne : Entre Culpabilité et Espérance

Le monde, et les chrétiens avec lui, vivent les bouleversements écologiques comme une menace. Et ils intériorisent cette menace sous la forme d’une culpabilité. Les voilà embarqués dans une repentance de bon aloi… qui mine leur témoignage ! Bien sûr, le christianisme et ses interprétations bibliques erronées, a contribué à considérer la nature comme un réservoir mis à notre disposition, où nous pouvions (devions ?) puiser sans retenue ni respect. Bien sûr, on a accusé l’éthique protestante -particulièrement calviniste- d’avoir contribué à une course au profit des plus dommageable pour la planète.

 

Mais les chrétiens ont autre chose à annoncer que la macération morbide et la dénonciation, sauf à rendre l’écologie expiatoire et triste. Et surtout au mépris des textes fondateurs et de la bonne nouvelle qu’ils sont censés porter.

 

Parler de la nature comme de la création, c’est la sacraliser, la rendre presque divine. Comme si l’humain n’était pas, lui aussi, partie prenante de la création. Faisons-nous quoi que ce soit de « sur-naturel », ou « d’anti-naturel » ?  Nos inventions et découvertes sont-elles autre chose que le prolongement de nos capacités naturelles (développement cérébral et organisation collective) ? Bibliquement parlant, confondre nature et création c’est un abus de langage. La création, c’est la mise en parole de la nature, pas sa fabrication. C’est sa mise en logos. La partition commode entre un humain (coupable) et une nature (innocente) au sein de la création est une aberration scientifique et biblique !

 

Face au réel danger de rendre la terre inhabitable, ou plutôt de la rendre inhabitable pour la très grande majorité au profit d’une toute petite poignée d’ultra riches, il faut certes réagir. Mais plutôt que de poser la question : »quelle planète pour nos enfants, demain ? » il me semble que la vraie question serait plutôt : « quels humains pour habiter ensemble un monde nouveau ? »

 

Nous n’avons pas à sauvegarder le monde d’hier, mais à accueillir un nouveau monde. « Que ton règne vienne… » Les chrétiens sont appelés à refuser toute « biologisation » de l’être humain, à réfuter toute tentative de nous réduire à une animalité. Qui est nôtre, certes, mais qui par nature, nous a conféré une liberté et une responsabilité singulières. Rabattre l’humanité sur sa seule vie biologique, c’est la faire entrer dans une logique « bouchère » (Cf. Pierre Legendre) : traçabilité, performance, utilité. L’horreur des camps nazis nous ont pourtant montré où ces logiques conduisaient… La mémoire est bien courte.  

 

Notre combat est double : partager la terre en la respectant et humaniser l’humain. Si nous pouvons douter de la formule, nous comprenons fort bien de quoi il retourne, quand nous disons : « c’est inhumain ! » Humaniser l’humain, c’est-à-dire promouvoir sa liberté, sa responsabilité, sa subjectivité à la lumière de la grâce première, foncière et fondatrice.

 

Le combat écologique -absolument nécessaire et résolu- en serait animé par l’espérance, plutôt que par la mauvaise conscience… C’est notre vocation.

 

Didier FIEVET

« Bible et écologie – Questions croisées »

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